Comment développer plus rapidement et plus efficacement les logiciels de Berger-Levrault, en diminuant sensiblement leur empreinte carbone ? C’est l’objectif du travail que conduit le manager de projets scientifiques Benoit Verhaeghe et son équipe depuis 2021.
Démonstration avec la nouvelle solution SaaS WeMagnus, conçue avec et pour les secrétaires généraux de mairie, pour simplifier leur quotidien.
Selon l’ADEME, 62,5 millions de tonnes de ressources sont consommées chaque année dans le monde pour produire et utiliser des équipements numériques, générant 20 millions de tonnes de déchets tout au long de leur cycle de vie, soit 299 kg par habitant chaque année. Berger-Levrault, engagé dans la sobriété numérique, fait de l’écoconception des logiciels et de la recherche associée une priorité pour réduire l’empreinte carbone du secteur.
L’écoconception d’un logiciel est une approche qui vise à réduire son impact environnemental sur l’ensemble de son cycle de vie. Elle s’applique en priorité aux solutions existantes, permettant ainsi son intégration dans les logiciels qui nécessitent une modernisation.
Cette démarche se déroule en 2 étapes clés :
Ce qui parait trivial nécessite en réalité une part grandissante d’investissements en recherche pour concevoir les outils qui permettront à terme de réduire drastiquement l’impact environnemental du numérique. Comme l’explique Benoit Verhaeghe, « Quand on modernise, il faut d’abord faire un état des lieux. C’est un défi, car les outils de mesure pour les anciennes technologies sont souvent limités. ».
La consommation énergétique d’une application Software as a Service (SaaS*) est répartie sur plusieurs éléments : les bases de données, les serveurs, les communications réseau et les appareils des utilisateurs finaux. Chaque élément requiert une mesure spécifique distribuée tout au long de cette chaine.
Il est possible de s’appuyer sur des outils d’approximation comme le module « Carbon Impact » développé par l’éditeur de logiciels Dynatrace, ou encore Scaphandre ou PowerApi des environnements open source. Ces solutions exploitent des données sur l’utilisation des serveurs, les appels réseau et les caractéristiques des processeurs pour estimer la consommation énergétique d’un logiciel. Ces évaluations sont réalisées avec un modèle de consommation adossé à la Sustainable Digital infrastructure Alliance (https://sdialliance.org/) par exemple. De telles solutions permettent aux équipes de développement de comparer différents scénarios et de choisir celui qui optimise à la fois performance et sobriété.
Repensée en mode full SaaS pour apporter de nombreux avantages aux collectivités notamment en termes de coûts, de gestion, de maintenance simplifiée, d’évolutivité et de sécurité, la gamme de logiciels métiers e.magnus, utilisée dans les mairies de moins de 5.000 habitants – soit 18 000 communes concernées – a été transformée grâce à des choix technologiques dont nous avons mesuré les gains en matière d’écoresponsabilité.
Pour y parvenir l’équipe de Benoit Verhaeghe cherche continuellement des évolutions permettant de concrétiser la démarche d’écotransformation. Mentionnons par exemple l’expérimentation récente de la technologie Protobuf, qui réduit jusqu’à huit fois le volume des données transmises comparé aux solutions traditionnelles. « Cette optimisation permet de diminuer la consommation énergétique des serveurs tout en maintenant les performances. Ces travaux démontrent qu’en associant les bonnes technologies aux bons outils de mesures, les bénéfices peuvent être significatifs. » commente Benoit Verhaeghe
*application logée dans le cloud via un navigateur internet
Les premiers résultats obtenus pour la solution logicielle WeMagnus sont très encourageants. La modernisation du front-end, c’est-à-dire tout ce qui est directement accessible par l’utilisateur final au travers de son navigateur web, et la mise en place d’une architecture cloud mutualisée ont permis une réduction de 21 fois sa consommation énergétique comparée aux anciens produits. Ces gains sont en partie obtenus grâce à une meilleure architecture logicielle et à une rationalisation des ressources matérielles utilisées.
Malgré son impact avéré et essentiel, l’écoconception des logiciels reste peu médiatisée, éclipsée par des sujets comme l’intelligence artificielle. Elle est pourtant déterminante pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux ou simplement avoir une démarche responsable sur la consommation des ressources. La réglementation européenne imposera prochainement que les mises à jour logicielles ne dégradent pas les performances énergétiques des produits. Ces innovations contribuent à concevoir des applications durables, capables de fonctionner sur du matériel plus ancien, limitant ainsi l’obsolescence et imposant aux acteurs du numérique d’intégrer dans leur démarche un effort de sobriété fonctionnelle.
« L’écoconception des logiciels n’est donc pas qu’une tendance à court terme. Elle représente une opportunité de réinventer le numérique pour qu’il soit en phase avec les enjeux écologiques et sociétaux. » souligne Benoit Verhaeghe.
Le laboratoire de recherche en sciences et technologies du numérique, l’Inria avec notamment l’équipe de recherche Evref, et Berger-Levrault, dont l’équipe de Benoit Verhaeghe, collaborent à la mise au point de ces nouveaux outils adaptés aux enjeux environnementaux.
Les défis sont désormais d’avoir la capacité de faire des recommandations d’architecture logicielle pour écoconcevoir des logiciels SaaS ainsi que de déterminer les portions de code qui sont responsables des plus importants impacts énergétiques.
Ces efforts conjoints permettront à Berger-Levrault d’enrichir l’approche d’écoconception et de l’étendre à tous ses produits logiciels. De plus, grâce à ce type de partenariat académique, il est possible de créer des solutions open source, exploitables au-delà des besoins internes de Berger-Levrault. « Plus qu’une évolution technique, c’est un changement de paradigme qui s’opère dans l’industrie du logiciel. » conclut Benoit Verhaeghe
Ces premiers travaux d’écoconception de la solution WeMagnus démontrent l’engagement de Berger-Levrault dans la sobriété numérique.
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